Cartes postales et autres bricoles
11 Mars 2017
Ci dessous un texte " qui me parle!"
(extrait de texte de Aaron SISKIND dans « Minicam Photography » 1945)
L’an dernier, j’ai passé l’été en Nouvelle-Angleterre, dans le célèbre village de
pêcheurs de Gloucester. J’y ai fait une série de natures mortes représentant
des morceaux de corde en décomposition, un gant abandonné, deux têtes de
poisson et d’autres objets ordinaires qui traînaient sur les quais ou sur les
plages. Pour la première fois de ma vie, le sujet en tant que tel n’était plus de
première importance. Je me suis retrouvé impliqué dans les relations de ces
objets, à tel point que faire ces images s’est révélé une expérience
personnelle profondément émouvante.
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C’est bien connu, ce que nous voyons dépend de notre éducation.
Lorsque nous regardons le monde, nous y voyons ce dont nous avons appris
à penser l’existence. Nous sommes conditionnés pour nous attendre à
certaines choses. S’entendre sur la fonction des objets est en effet utile dans
la vie en société.
Mais en tant que photographes nous devons apprendre à nous défaire
de nos croyances. A aller vers les objets en les regardant directement, sous
tous les angles. A voir comme ils grandissent quand on s’approche, comme
ils se groupent et se regroupent lorsqu’on change de position. Des relations
apparaissent peu à peu, et parfois se confirment irrévocablement. C’est ce
qui donne votre photo.
Ce que je viens de décrire est une expérience émotionnelle. C’est
extrêment personnel : personne d’autre ne peut voir exactement ce que vous
avez vu, et l’image qui en résulte est unique; personne ne l’a jamais faite
avant, et personne ne
l’unité d’un organisme. Ses éléments n’ont pas été réunis grâce à un talent,
un goût ou une ingéniosité quelconques. Elle est venue à l’existence à
travers l’acte instantané du regard.
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